Fondé fin 2016, les auvergnats de Bad Whispers sortent rapidement un EP en 2017, et concrétisent par un album en 2020. Cet album, c’est d’abord une preuve supplémentaire qu’Indé et autoproduction ne riment pas avec amateurisme. Bad Whispers nous ravit et distille un Heavy Rock engagé, authentique, carré, mâtiné de Progressif au travers de ces 13 titres, d’une grande cohérence, plus emballants les uns que les autres. Florilège:
Après une intro planante qui installe l’ambiance, on attaque directement par “Burn Out” et son riff lourd, martelé. Dès les premières notes, on comprend que le chanteur n’est pas là pour faire de la figuration : clair, puissant et rugueux juste quand il faut. Le niveau est relevé, et ne faiblira pas tout au long de l’album.
Les morceaux se succèdent, chacun avec leurs influences propres.
A l‘image de “Alone in The Desert”, avec son riff oriental saccadé qui aurait eu sa place dans une composition de Myrath. Ou bien “Lost in Your Eyes”, qui a des accents de Disturbed...
Et puis, “The Beast”, qui sonne très Alter Bridge, impression renforcée par les similitudes presque troublantes entre la voix de Ben et celle de Myles Kennedy. Quelle voix! Mais rendons aussi à César ce qui lui est dû : derrière, ça joue à mort, entre les guitares parfaitement complémentaires, une basse de très haute volée et une batterie qui met tout le monde d’accord...
On calme le tempo sur “Now and Here” : une ballade pas mielleuse, mais intense, sans être grandiloquente. En un mot, sincère. Ce n’est pas forcément le morceau où le chant est le meilleur, en revanche, on se régalera d’une ligne basse-batterie enveloppante et puissante et de guitares réconfortantes.
Alors que Ben rugit sur “Pretty Woman” (qui n’a rien d’un après-midi shopping chez Gucci) et montre une facette supplémentaire de son registre vocal, on aborde les derniers morceaux de cet album, dont l’emballant “Hell Will Be My Reward”, qui sonne un peu plus Power Metal.
Il est des albums dont vous êtes certain à la première écoute, qu’ils ne quitteront pas votre playlist de si tôt. Certes, j’ai eu quelques amourettes musicales en 2020, mais Bad Whispers, c’est une rencontre de hasard qui s’avère être mon coup de foudre Indé de l’année.
Ce Burn Out est un album soigné jusqu’à l’Artwork de la pochette, un diamant brut, qui fait de Bad Whispers un groupe à suivre avec la plus grande attention.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Interview avec Ben, chanteur de Bad Whispers.
Stéphanie :
Bonjour Ben! Merci d’accorder quelques minutes à Radio Normandie Rock pour mieux vous connaître. Bad Whispers : qui êtes-vous, d’où venez vous?
Ben :
Salut! Bad Whispers se crée officiellement en décembre 2016. Mais c’est un projet porté par Jo (Guitare) et Loïc (Batterie), qui avaient déjà composé les 1ers morceaux en 2012.
En 2016, Jo et Loïc recherchent les musiciens pour compléter le line up et structurer les autres compos, qui ne sont encore que instrumentales à l’époque. Chris (guitare) et Guillaume (Basse) (ex-Icarus, tribute Iron Maiden) se joignent au groupe.
Je suis le dernier arrivé de la bande. Jo m’a contacté parce qu’on se connaissait déjà par groupes interposés, et nous avions déjà fait quelques scènes en commun. En ce qui concerne les autres membres du groupe, ils sont tous de l’Allier. Donc ils ont tous fait plus ou moins les mêmes soirées, les mêmes concerts, ils se connaissaient déjà tous un peu. Moi je suis Clermontois.
Jo, guitariste Lead, partage les solis avec Chris. C’est lui qui compose tous les morceaux, et chaque musicien vient y mettre sa touche en fonction de ses expériences et de ses influences. D’ailleurs, la patte “Heavy” de Bad Whispers est clairement renforcée par Chris et Guillaume, même si Jo (ex-Big Rush) officiait déjà dans un style Heavy Metal moderne-Rock US. Moi, j’étais plutôt dans le Stoner (Dustrigger).
Stéphanie :
Justement, parlons de vos influences : on ressent clairement du Alter Bridge dans vos compos, jusque dans ta voix, qui a certaines (très belles) intonations de Myles Kennedy. Quelles sont vos autres influences? Partagez vous le même univers musical?
Ben:
Alter Bridge, c’est clair, c’est notre influence commune à tous.
Jo est très ouvert aux niveaux des styles, mais est vraiment dans l’esprit Alter Bridge pour les compos de Bad Whispers.
Loïc est un gros fan de Metallica et de Rammstein.
Guillaume et Chris, sans grande surprise...100% Maiden, avec un peu de Helloween pour Guillaume.
Et pour mes influences, de base je suis un Guns and Roses fan, c’est LE groupe qui m’a introduit dans le monde du rock. Le Heavy m’a très marqué vocalement, déjà les vieux groupes comme Maiden, Helloween et puis Myles Kennedy que j’ai d’abord découvert avec Slash. A partir de là, j’ai axé mon travail vocal sur Myles, Sebastian Bach, Axl Rose et toutes ces voix puissantes, pour travailler au maximum de ce que j’avais, tout en essayant de conserver le côté granuleux naturel de ma voix. J’écoute pas mal Arion (une tuerie au niveau de la voix), Sixx A.M. Et je fais confiance à l'algorithme de Spotify pour le reste.
Stéphanie : On a parlé musique, mais en ce qui concerne les textes, quels sont vos sujets préférés?
Ben :
Sur Burn Out, on a été 2 à écrire les textes : Chris et moi. Les thèmes sont assez variés, souvent très pessimistes.
Par exemple, sur Your Ride que j’ai écrit, le sujet tourne autour d’une recherche personnelle, c’est l’histoire d’un éternel insatisfait qui a toujours l’impression de courir après sa vie.
Sur Burn Out, Chris écrit sur le rejet de la société, et l’envie de tout envoyer chier, en mode très vénère.
Il y a aussi des côtés plus fantastiques, sur Burning Wings, qui raconte le combat entre le ciel et l’enfer qui se passe sur Terre.
On aborde aussi le thème de la séduction sur Pretty Woman, Get You Back To Me...
Stéphanie :
Avant cette “fin du monde”, quels étaient vos projets?
Ben:
Le projet on l’a à moitié réalisé, parce qu’on a sorti l’album, mais c’est la promotion sur scène qui plante. On avait prévu de faire une release party, d’inviter des groupes qu’on apprécie… et au final, la sortie a été presque à 100% digitale, plus les quelques CDs que les gens ont commandés sur notre site. Il manque cette grosse partie live, prédominante aujourd’hui pour l’évolution d’un groupe. On est prêts pour défendre cet album sur scène, car la plupart des morceaux, on les jouait déjà en live.
Ce projet a pris du temps, on a tout autoproduit. C’est Jo qui a travaillé sur les enregistrements, le mastering, et Chris s’est occupé de l’Artwork de la pochette. Et on a tous un métier à côté.
On attend que ça de reprendre la scène. Pour l’instant, on amorce beaucoup de choses pour la promotion de l’album, on a contacté des magazines, il y a eu des chroniques, surtout des webzines. Très peu de touches en France, surtout à l’étranger (Europe, Australie, UK). Nos voisins européens sont en général plus réceptifs au style que l’on propose, on a des retours très positifs!
Pour la petite anecdote, notre album a été piraté quelques jours avant sa sortie par des plateformes de téléchargement illégal russes. Finalement, c’est cool, parce que ce sont des gens qui n’auraient peut être jamais écouté notre album. Et par ce biais là, la première chronique de notre album (super positive) a été publiée par un webzine polonais!
Stéphanie :
Et maintenant, c’est quoi la suite pour les Bad Whispers? Quelle est la prochaine étape? Y aurait il une date de concert que vous pourriez nous annoncer en avant-première?
Ben :
Il y a une date qu’on est quasiment sûrs de faire, on nous donnait l’opportunité de la faire cette année : c’est un festival organisé sur Saint Polgues (Festival Polguestergeist, les 29 et 30 août 2020 à Saint Polgues (42)- ndlr). Ils nous avaient invités l’année dernière et on avait passé un super bon moment. Cette année, nous devions y retourner, mais tous les membres du groupe n’était pas dispo. Donc nous ferons certainement partie de l’affiche de l’année prochaine. Mais c’est vrai que pour l’instant, 2020 se présente comme une année blanche au niveau de la scène. On va se concentrer sur la promo de l’album, sortir peut être un clip. Actuellement on bosse aussi sur de nouveaux morceaux, on prépare déjà le 2ème album, où l’on retrouvera des thèmes relativement similaires au premier. Mais on sera 3 à écrire sur le prochain (Ben, Chris et Guillaume - ndlr), alors cela apportera plus de couleurs aux textes.
Stéphanie : Merci beaucoup pour ces quelques minutes passées ensemble virtuellement! Ben, je te laisse le mot de la fin
Ben:
On espère que notre album va plaire et on espère revoir vite les gens sur scène parce qu’on s’emmerde vraiment!
En attendant, on bosse sur les nouveaux morceaux, qu’on aura aussi plaisir à défendre sur scène en 2021.
J’en profite pour faire un petit Big Up aux organisateurs du Polguestergeist Festival, qui est une équipe super cool qui nous soutient depuis longtemps. On aime ces petites assos qui grandissent comme ça avec beaucoup d’ambition et de motivation, qui se bougent le cul pour animer un coin qui ne l’est pas, et qui ont l’audace de proposer une scène Metal, même extrême. C’est grâce à ces gens là que les groupes locaux vivent.
Et c’est d’ailleurs chez eux qu’on vous donne rendez-vous en mai 2021!